Des visages somnolent,
les yeux mi-clos tournés vers les lueurs fugaces de la banlieue qui défile,
irradiant par éclairs blancs ces peaux teintées de rêve et ternies de fatigue qui
puisent leurs racines dans la lumière
dorée de l’Afrique, l’espace ouvert des déserts, ou les rues éclatantes des
casbahs.
Ils sont
venus là, dans leur humanité morcelée, se fondre aux ombres crues de
l’éclairage au néon, dans l’espace confiné de ce wagon balloté de tangages,
cerné de grincements : improbable mixage de cultures et d’histoires où le
noir prédomine.
Et peu à peu
avance, et peu à peu s’éclaircit la dominante brune ; prenant d’assaut les
clichés et les dernières places, voilà Versailles qui s’engouffre, en costume
cravaté, en tailleurs sages et chiffons ramassés, en manteaux bien coupés et
brushings au carré.
Et toujours avance.
Avance, et
puis s’arrête. De plus en plus souvent.
Repart et
puis avance.
Et toujours s’engouffre
la marée indistincte des banlieusards prospères. C’est Paris en approche, et
l’Afrique se noie ; des rêves se secouent cependant qu’au dehors un filet
de jour gris commence à peine à poindre.
La capitale,
bientôt, les ingurgitera tous. Indifférente et vorace, elle en digèrera
l’énergie sans distinction de classes. Repue, les vomira ce soir ... par ordre
de couleur, des peaux les plus blanches aux teintes les plus sombres.
Et demain
recommencer.
Écrit dans
un train de banlieue parisienne
Février
2012. Il faisait froid ce jour-là.
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